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American Idiot

Chronique(s) – Le veilleur de changes

  • Jean-Marc Sabet
  • 16/06/2025

Le dollar, une complaisance américaine qui inquiète

Depuis plusieurs mois, le dollar glisse. Cette érosion pourrait sembler anodine, comme tant d’autres corrections passagères sur le marché des devises. Pourtant, cette fois, le mouvement n’est ni accidentel, ni purement conjoncturel.

Derrière la façade d’un ajustement post-crise, un sentiment de tolérance active – voire d’encouragement discret – anime Washington. J’observe cette dynamique, non sans une certaine inquiétude.

Car la dépréciation du billet vert, aujourd’hui, est moins un effet secondaire qu’un instrument explicite de la politique américaine contemporaine.

On nous répète sans cesse que la Réserve fédérale américaine garde le cap de sa lutte contre l’inflation. Les minutes du FOMC du 17-18 juin 2025 le révèlent : les participants s’interrogent davantage sur « les risques et incertitudes » que sur la trajectoire réelle de l’économie.

La réalité ? Malgré une croissance qualifiée de “solide” et un taux de chômage bas (autour de 4,2%), la Fed temporise. Aucun relèvement de taux, et surtout, la perspective ouverte de baisses dès la prochaine fenêtre macroéconomique, alors même que les arguments strictement économiques manquent cruellement de consistance.

Cette posture a des racines budgétaires profondes. Avec une dette fédérale qui se situe à environ 36’000 milliards de dollars, les marges de manœuvre se sont envolées. Mais un dollar affaibli, c’est une stratégie aussi vieille que la monnaie de réserve elle-même : on érode, en douceur, la valeur réelle de la dette, tout en soutenant artificiellement les exportations américaines.

Le « patron de la Fed » le souligne dans les minutes : la montée des taux longs traduit avant tout la préoccupation croissante des marchés face à la soutenabilité fiscale américaine, plus qu’un quelconque emballement inflationniste spontané. Le dollar ne recule plus “malgré la Fed”. Il recule “à cause d’elle”.

A graph showing the rise of the us government

AI-generated content may be incorrect.

L’annonce d’une baisse des taux laisse songeur : ni la dynamique de croissance ni l’emploi ne justifient une telle injection de liquidités. Sous couvert de « prudence », la Fed maquille en « risque latent » une manœuvre monétaire taillée sur mesure pour le Trésor américain. Le signal envoyé aux marchés est brutal : face à un mur de refinancement, un dollar affaibli vaut mieux qu’une réputation immaculée.

Dévaluer, c’est réduire la charge de la dette et renforcer la compétitivité des exportateurs américains — un choix assumé, même au détriment de la crédibilité monétaire.

Mais cette stratégie pourrait vite trouver ses limites. Son coût est double. D’abord, sur la scène internationale, le statut de « référence naturelle » du dollar se fragilise. Depuis deux ans, les signaux de « dédollarisation » s’enchaînent : les BRICS renforcent leurs circuits de paiement alternatifs, la Chine multiplie les accords bilatéraux hors dollar, et le Moyen-Orient pivote lentement vers l’Est. Rien de spectaculaire à court terme, mais une érosion progressive, irréversible. L’image du dollar comme réserve de valeur universelle se fissure, discrètement mais sûrement. Même le FOMC le concède à demi-mot : les réserves étrangères restent stables en apparence, mais la hausse des flux de couverture révèle une confiance désormais sous conditions.

Pour les entreprises suisses et européennes, le signal est clair : le dollar n’est plus ce qu’il était. Quand la première monnaie mondiale devient un instrument au service de la politique intérieure américaine, c’est tout un paradigme qui vacille. Peut-on encore bâtir ses prix, ses marges, ses investissements sur une devise dont la valeur se pilote à Washington ? Beaucoup de trésoriers suisses en doutent de plus en plus.

Par effet miroir, le franc suisse reprend son rôle de refuge. Mais un refuge qui coûte cher : une devise forte, une industrie exportatrice sous pression, une compétitivité qui s’effrite face à un marché mondial fragmenté.

Dans ce contexte, la gestion du risque de change doit sortir de la routine. Couvrir la volatilité ne suffit plus ; il faut anticiper une recomposition monétaire. Swaps, options, contrats à terme : l’arsenal existe, encore faut-il l’intégrer à une vision plus large — celle d’un dollar qui s’efface, lentement mais sûrement, comme pivot universel. C’est tout le rôle d’acteurs comme b-Sharpe, qui accompagnent entreprises et particuliers pour naviguer ce virage avec des solutions de change transparentes et adaptées aux nouvelles lignes de force du marché.

Ce basculement ne fera pas de bruit. Pas de rupture frontale, mais un glissement silencieux, irréversible. Pour les décideurs suisses et européens, le message est limpide : réinventer ses repères, sortir du réflexe dollar, et bâtir ses marges sur une cartographie plus réaliste des rapports de force monétaires.

Pour le Veilleur de changes, une certitude : le dollar n’est déjà plus tout à fait la boussole qu’il prétend rester. Bientôt, il pourrait ne plus l’être du tout.

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