On parle tant de luxe aujourd’hui qu’il semble s’être vidé de son sens. Le mot sature les discours, les vitrines, les réseaux sociaux… À force d’être partout, il n’est plus nulle part.
Ce qui autrefois désignait l’exception, la rareté, l’inaccessible, est devenu un slogan creux, une promesse galvaudée. On vend du luxe comme on vend du confort, de l’efficacité ou du rêve standardisé.
Mais le vrai luxe, peut-être, c’est justement ce qui ne se dit pas. Ce qui échappe aux définitions, ce qui ne se montre pas toujours, ce qui se mérite et se ressent. Et si le luxe, aujourd’hui, c’était simplement le silence autour de lui ?
Dans la forêt entêtante des phrases qui commencent toutes par « Et si le luxe c’était…? » de colloques en articles, de podcasts en observatoires, de séminaires en stories… comme si la terre entière passait son temps à essayer de trouver la définition du luxe. Je pense que c’est justement cette compulsion très dans l’air du temps et commune à la fois qui lasse vraiment : ces bavardages hasardeux et de plus en plus lourds ornés de souverains poncifs sonnent creux et ne disent rien de nouveau.
Le luxe est apparemment à la mode.
Et si en réalité le luxe ce n’était rien ?
Rien de si important, rien de suffisamment consistant pour que l’on s’épuise à essayer en permanence de le comprendre, de le conceptualiser. D’en parler.
Le discours est plus lourd que l’objet qu’il veut prendre en charge. Si le luxe était plus simple, plus léger et immédiat, moins mystérieux que toute cette agitation, cet intérêt surdimensionné et surjoué voudraient le laisser croire ?
Si ce luxe dont on aime à tant parler c’était juste ce silence entre deux questions ? Juste la force de l’évidence de ce qui se ressent, ne se pense et ne se dit pas.
Franck BELAICH, PhD
Expert et Enseignant Luxury Management