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Art Basel Paris ou le grand art du ralentir

  • Daryoush
  • 27 octobre 2025

Sous la verrière du Grand Palais, j’ai arpenté l’édition 2025 d’Art Basel Paris avec un sentiment mêlé : l’éclat généreux de la création, mais aussi l’impression que la foire prenait un léger temps de recul.

Louis Vuitton x Takashi Murakami

J’ai croisé d’abord l’œuvre de Danh Vō : un « Untitled (2025) » qui dialoguait avec des matériaux bruts et le symbolique — un des temps forts du salon. Puis, j’ai découvert Drifter 2 (2025) d’Alia Ahmad : peinture récente, fluide, presque vibrante, qui témoignait d’un souffle neuf. Dans un autre stand, la pièce Desenho (1960) de Lygia Pape m’a rappelé que l’art d’avant-garde des décennies passées continue à faire sens aujourd’hui. Et bien sûr, la présence de Tracey Emin — des œuvres 2024-25 bien en vue — apportait la tension émotionnelle familière de son travail.

Les sourires étaient là, les ventes aussi, mais au-delà des stands soigneusement composés et des annonces optimistes, j’ai entendu revenir un mot dans plusieurs conversations : « redéfinition ». Le marché contemporain ne semble plus uniquement foncer — il se réajuste. En effet, depuis plusieurs mois, en effet, les signaux sont clairs : certaines galeries ferment à New York, Londres ou Berlin. Les frais de participation aux foires augmentent. Les adjudications atteignent des sommets, mais ils profitent à une poignée d’artistes stars, tandis que beaucoup peinent à vivre de leur travail.

“Cent sommeils” de Liselor Perez. Ici à l’église Saint-Eustache, 2025.

Sommes-nous face à un simple ralentissement ou à la transformation d’un modèle jusqu’ici dominant?

L’économie de l’art contemporain repose depuis deux décennies sur un triangle fragile : galeries – foires – maisons de ventes.
Ce système, dynamisé par la mondialisation et les liquidités post-2008, a favorisé la spéculation et la concentration des richesses autour d’une poignée de collectionneurs ultra-fortunés.

*Les Herbes folles du vieux logis* (2020–2025) par Joël Andrianomearisoa. Ici dans la cour de l’hôtel de la Marine, Paris, 2025

Mais cette dynamique atteint ses limites. Selon les dernières données publiées par Art Basel et UBS, le haut du marché (œuvres de plus de 1 million de dollars) représente désormais plus de 60 % de la valeur totale des transactions, pour moins de 1 % des volumes vendus. Autrement dit, une bulle s’est formée : étincelante, mais fragile.

Pour les galeries indépendantes, la rentabilité s’érode. Le coût d’un stand à une foire internationale dépasse souvent 50 000 francs, sans garantie de retour. Les maisons de ventes, de leur côté, attirent de plus en plus d’artistes “blue chips”, captant la visibilité et affaiblissant l’écosystème intermédiaire.

Ce modèle économique exerce aussi une pression directe sur les créateurs. Certains dénoncent l’inflation des prix et le rythme effréné des expositions, dicté par les impératifs du marché. D’autres cessent tout simplement de produire, refusant de se prêter au jeu d’une rentabilité à court terme.

Là où l’art était un espace de liberté, il tend à devenir un produit d’investissement — un actif plus qu’un acte. Et pourtant, de cette tension naît peut-être une opportunité : celle de réinventer la valeur artistique, au-delà du prestige des noms et des cotes.

Certains signaux laissent entrevoir un changement de paradigme. De jeunes collectionneurs privilégient désormais les galeries locales, les formats plus accessibles et les œuvres à impact (durabilité, inclusion, engagement social). Des plateformes digitales, souvent basées en Suisse ou à Berlin, permettent de désintermédier la relation entre artistes et acheteurs.

« Usagi Greeting (440) » (2023–2025) de Leiko Ikemura. Ici sur l’avenue Winston-Churchill, Paris, 2025.

Cette recomposition du marché pourrait annoncer une renaissance, semblable à celles qu’a connues l’histoire de l’art après chaque période de saturation : moins de spéculation, plus de sens, plus de lien.

Pour la Suisse, place forte du marché de l’art avec Zürich, Bâle et Genève, cette transition est stratégique.
Elle pourrait redéfinir la manière dont nous investissons dans la culture : non plus comme un signe extérieur de richesse, mais comme un levier de durabilité et de cohésion sociale.

La crise actuelle ne signe pas la fin de l’art contemporain, mais sa transformation.
Comme souvent, les excès économiques précèdent un retour à l’essentiel : la création, la transmission, le plaisir de regarder et de comprendre le monde autrement.

Et si l’art contemporain n’était pas en crise, mais simplement en train de reprendre son souffle ?

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