
Le Dhofar, une des régions les moins visitées du sultanat d’Oman, est une de ces petites pépites qui vaut le détour. Côte sauvage, plages – désertes – de sable blanc, relief tourmenté de canyons, plateaux et montagnes… Cette région du Sud d’Oman abrite d’anciennes cités antiques ainsi que le « désert des déserts »: le Rub Al Khali. De juin à août, le Dhofar connaît une période de mousson avec de fortes pluies et des températures étonnamment basses pour cette partie du monde. Phénomène de petite mousson, très localisé dans le Sud d’Oman et du Yémen, est appelé « khareef » et attire les habitants du Moyen-Orient, en recherche de fraîcheur et de verdure. En quelques semaines, les paysages désertiques se parent de vert tendre, jusqu’à octobre.








Les plages de sable blanc de la « riviera » omanaise
Tantôt bordées de cocotiers et recouvertes d’un sable fin à la blancheur rare, tantôt sauvages et dissimulées, elles peuvent s’étirer sur des kilomètres de blanc ou se lover au pied de falaises abruptes et parois ocre. Les plages de la riviera d’Oman sont vierges, désertes, aux eaux parfois turquoise. On peut s’y trouver seul au monde, n’y croisant que des chameaux évoluant librement.

Le désert des déserts et la Cité d’Ubar
Une escapade de deux ou trois jours dans le désert du Rub Al Khali, surnommé le « désert des déserts » par l’explorateur Wilfred Thesiger, est un périple d’exception. Aux confins de l’Arabie Saoudite, du Yémen et d’Oman, recouvrant le quart de la superficie de la péninsule arabique, le Rub Al Khalib est la plus grande accumulation de sable de notre planète, et l’un des déserts les moins parcourus. A ses portes se trouve la cité légendaire d’Ubar, redécouverte en 1990 par des archéologues anglais, qui l’appelèrent « l’Atlantide du désert ». Si l’on n’y voit plus aujourd’hui que quelques vieilles pierres d’anciennes fortifications, Ubar fut une ville prospère, au carrefour des routes de l’encens ; les caravanes s’y arrêtaient avant d’entreprendre la longue traversée du désert et de grandes familles de commerçants y entretenaient de luxuriants jardins.
Le « Quart Vide » – nom également donnée au Rub Al Khali – couvre une superficie de 650 000 kilomètres carrés – presque la superficie de la France – et s’étend sur l’Arabie saoudite, Oman, les Émirats arabes unis et le Yémen. Véritable mer de dunes mouvantes, dont certaines peuvent culminer à 250 mètres de hauteur, le désert des déserts peut afficher des températures allant jusqu’à 56 degrés Celsius en été. C’est l’un des endroits les plus inhospitaliers de la planète, qui a façonné le modes de vie des Bédouins qui, adapté à des conditions extrêmes, a influencé certaines valeurs de l’Islam telles que la solidarité, l’hospitalité et la simplicité.

L’encens et les cités antiques
Dans les environs de Salalah, la qualité exceptionnelle du sol et un microclimat unique ont permis à l’arbre à encens, le Boswellia sacra, de prospérer, faisant de cette région l’un des rares endroits au monde où cet arbre précieux pousse naturellement. L’exploitation de l’encens à Oman remonte à plusieurs millénaires, mais c’est à l’époque nabatéenne que ce commerce a atteint son apogée, grâce à la fameuse « route de l’encens ». Cette route commerciale traversait la péninsule arabique, reliant les centres de production de l’encens aux grands empires de l’Antiquité, tels que l’Égypte, Rome et la Grèce, ainsi qu’aux civilisations de la vallée de l’Indus.
La route de l’encens a joué un rôle crucial dans la prospérité de la région, transformant Oman en un carrefour commercial incontournable. Les caravanes parcouraient des milliers de kilomètres, traversant des déserts et des montagnes, pour transporter cette précieuse résine jusqu’aux ports de la Méditerranée. C’est ainsi que des cités comme Al Baleed et Sumhuram sont devenues des plaques tournantes du commerce international, où l’encens omanais, réputé pour sa qualité exceptionnelle, était échangé contre des biens de luxe tels que des épices, des textiles et des métaux précieux.
Le Boswellia sacra produit une résine qui est encore aujourd’hui considérée comme l’une des meilleures au monde, et l’encens d’Oman reste un produit très recherché. L’or végétal de l’encens a longtemps été le moteur économique d’Oman, contribuant à sa richesse et à son rayonnement international. Ce commerce florissant a non seulement façonné l’économie de la région, mais aussi influencé ses cultures et civilisations, laissant un héritage qui perdure encore aujourd’hui.

À travers les siècles, l’encens omanais a conquis les marchés du monde entier, jouant un rôle central dans les rituels religieux, la médecine traditionnelle et le commerce global. Aujourd’hui, bien que les économies modernes aient diversifié les sources de richesse, l’encens reste un symbole puissant de l’histoire d’Oman, témoignant de la grandeur de cette époque révolue où la route de l’encens était synonyme de prospérité pour toute une région.
Les canyons et la côte déchiquetée
Les canyons – appelés wadis – sculptés par l’effet de l’érosion sur les roches, sont un autre prétexte d’excursion dans les environs de Salalah. Parmi les plus surprenants d’entre-eux, le canyon Wadi Darbat est façonné par le cours d’une rivière partie du massif du Dhofar, qui serpente à travers les hauts plateaux puis se jette dans la mer, offrant de splendides lacs et cascades au cœur de paysages verdoyants.
Enfin, la région tient son nom de la chaîne de montagnes du Dhofar, qui culmine à 2000 mètres d’altitude. Le massif montagneux offre des vues sensationnelles sur la mer d’Arabie et abrite une espèce en voie d’extinction : le léopard d’Arabie, qui dispose d’une réserve naturelle depuis une vingtaine d’années. De cet animal d’une beauté rare, symbole d’un monde sauvage qui se perd, aux plages désertes, en passant par la plus vaste étendue de sable au monde, Oman est une exception. Le Sud omanais est une de ses destinations qui se désire, se prépare et se délivre aux voyageurs du monde soucieux de découvrir… ses chemins de traverses.
