Découvrir le Vietnam du nord vers le sud, c’est bien plus que traverser un pays. C’est se laisser traverser soi-même. Dès les premiers pas, la rumeur d’Hanoi, des scooters, les marchés aux mille couleurs, les senteurs d’encens et la cuisine de rue présente dans tous ses recoins, m’enivrent et composent une douce symphonie qui bouscule tous mes repères occidentaux.

On croit partir à la découverte d’un monde extérieur, mais très vite, c’est un dialogue intérieur qui s’installe.

Au détour d’une pagode, un moine m’explique : « Tout est impermanent, même ce que tu crois tenir entre tes mains. » Je regarde les offrandes de fleurs, éphémères, et je comprends que la beauté de ce lieu est liée à sa fragilité. Au Vietnam, la vie ne se cache pas de son passage : elle l’assume.
partir loin, c’est revenir plus près de soi.
Les rizières en terrasses m’ont donné une autre leçon. Elles s’étagent comme des marches vers le ciel, mais chacune n’existe que grâce à l’eau qui descend des précédentes. Ici, l’individu n’est rien sans le collectif, et la nature enseigne l’interdépendance mieux que tous les discours. L’humain est au cœur des semences et des récoltes, tout est si parfaitement orchestré telle une fourmilière.

Plus loin, la lenteur du Mékong sinueux, ses détroits et ses rives. Ses eaux brunes portent tout à la fois le passé, le présent et l’avenir. En l’observant, les esprits deviennent contemplatifs car comme nos vies ce sont des flux : vouloir les retenir, c’est souffrir ; accepter qu’elles s’écoulent, c’est tâtonner un élan de paix.

Ce voyage m’a appris que partir loin, c’est revenir plus près de soi. Le Vietnam n’a pas seulement élargi mes horizons : il m’a rappelé que la philosophie n’est pas un livre à lire, mais un chemin à vivre.
