Une fois n’est pas coutume dans une galerie d’art, le vocabulaire est technique et acéré, précis et médical. Le glomérule et son substrat, les lames et les cellules, les couleurs, les lignes droites, le perfectionnisme et le contrôle codifient l’univers de l’artiste.
Chaque mot est un émerveillement, un dictionnaire que je n’avais pas encore ouvert. Mais dont la musique m’émeut. Pour la première fois, je visualise nos cellules de l’intérieur. Ces cellules sont autant de paysages merveilleux aux couleurs méditerranéennes, ocres et bleues, de visages d’enfants curieux et attentifs, des formes organiques. Un voyage que le breton Victor Segualen (L’Observation médicale chez les écrivains naturalistes), médecin de la marine, poète, archéologue, n’aurait pas renié, tourmenté par la question du réel. Mais il n’y a pas de réalité objective.
Entre science et art, un regard sur l’essence du vivant.
Les scientifiques sont en demande de visualisation graphique, de simulation pour mieux appréhender les choses invisibles, pour constituer des objets d’étude, voire recourt à des images d’artistes, notamment en astrophysique, en biotique ou en virologie.
Médecin pathologue de formation, artiste par nécessité intérieure, Eilena Braye vit entre deux mondes qu’elle fait dialoguer chaque jour : celui du visible et celui de l’invisible. Dans son quotidien médical, elle scrute l’intime de la matière humaine, cellules, tissus, structures microscopiques. Ce regard aiguisé, précis, se transforme naturellement, une fois en atelier, en un langage visuel abstrait, géométrique, coloré.
Chaque toile naît d’une observation, d’une émotion ou d’un détail perçu sous le microscope. Ce qu’elle voit, elle le ressent. Et ce qu’elle ressent, elle le traduit par la couleur, la forme, la profondeur. Ses œuvres donnent corps à ce qui d’ordinaire échappe au regard : une poésie de l’infiniment petit, une résonance visuelle du vivant.
Eilena Braye est actuellement représentée par la Galerie Renaissance à Genève, un espace qui défend avec conviction cette exploration des frontières entre l’art, la science et la sensibilité humaine.


La Suisse maintient sa position de première économie la plus innovante dans des domaines aussi variés que la robotique, la biotechnologie, l’ingénierie. Notre pays fédère les talents autour d’une vision commune, créant un environnement propice à l’exploration, l’échange et l’innovation. Pensé à la fois pour les scientifiques et pour les créateurs, la Suisse offre un accès privilégié aux technologies de pointe en mutualisant des outils avancés. Nombreux sont nos créateurs contemporains à utiliser le langage programmatif et l’intelligence artificielle pour explorer et rendre visible l’invisible.
Les artistes, tout média confondu (écriture, peinture, audiovisuelle / cinéma…) questionnent la science. Ils repoussent ses limites, la transfigurent. Le phénomène n’est pas nouveau. Serait ce audacieux de penser que la scène de chasse dans la Grotte de Lascaux était expérimentale, avec une rigueur purement scientifique ?
Pourquoi chercher à dissocier deux univers, l’art et la science, alors que l’art est science. Pour ne pas cultiver l’hybridité et réveiller Janus, qui regardait en même temps le passé et le futur ? La mythologie est toujours si actuelle.
L’art est un processus créatif, lequel processus se retrouve dans la recherche scientifique : avoir une idée, expérimenter, créer, exprimer puis réitérer. Pourquoi adopter alors des positions radicales et autoritaires «ne croire qu’aux mathématiques » alors que l’art est une source inépuisable et indispensable à notre bien-être, à notre éveil, à notre conscience.
Un MBA en Ressources Humaines et Mobilité Internationale à 23 ans, ma voie semblait écrite. Pourtant, j’ai souhaité apprendre l’abap (le langage de programmation de SAP) en intégrant une société de conseil et tenter de comprendre le mécanisme propriétaire, pendant trois ans. Aujourd’hui mon agence accompagne des TPE suisses dans leur développement marketing et commercial, et la tech n’est jamais loin. J’aimerais citer ici Lucas Guillermin, Fondateur de Follows (expertise en stratégie digitale) et Advisory Board Member @ On Future : « L’art pose des questions, la tech tente d’y répondre. Mais parfois, c’est l’inverse. Quand tu passes tes journées à créer des algorithmes pour connecter des humains entre eux, tu réalises vite que la tech n’est qu’un prétexte. Derrière chaque ligne de code, il y a un élan créatif, une intention. Pour moi, l’art et la technologie se rejoignent exactement là : dans ce moment où tu crées quelque chose qui fait réagir, vibrer, ou réfléchir».
La science ne serait-elle pas une approche innovante de l’art, peut-être la plus ambitieuse, la plus belle et la plus périlleuse ?
Les disciplines de sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM) les plus novatrices et exploratrices de l’univers et de la vie ouvrent des voies nouvelles.
Les lois de la physique quantique s’appliquent à l’ensemble des phénomènes non observables à l’œil nu. Hors, elle nous est désormais révélée, entre vertige et infini, par différents physiciens et artistes. Charles Antoine, physicien, maître de conférences à Sorbonne Université, chercheur au laboratoire de physique théorique de la matière condensée (LPTMC) nous démontre que l’art et la matière ont tout intérêt à dialoguer. Les arts peuvent aider à mieux comprendre les concepts de la physique quantique car la physique quantique a remis en cause toutes nos certitudes et notre lien au monde.
Les arts sont perçus comme une clef de compréhension du monde, un moyen pour dépasser les mathématiques. Les scientifiques sont en demande de visualisation graphique, de simulation pour mieux appréhender les choses invisibles, pour constituer des objets d’étude, voire recourt à des images d’artistes, notamment en astrophysique, en biotique ou en virologie.
Aujourd’hui les scientifiques collaborent avec des artistes, les scientifiques se font artistes. L’hybridation est là.
En conclusion, la science ne serait-elle pas une approche innovante de l’art, peut-être la plus ambitieuse, la plus belle et la plus périlleuse ?



