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L’esprit du don

  • Boris Sakowitsch
  • 6 décembre 2025
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On le sait bien depuis Rousseau : c’est la justice qui a remplacé la charité. Et puis historiquement, l’État-providence, qui garantit le droit à l’assistance, s’est substitué progressivement à l’aumône et à la générosité. Ou comment notre besoin de législatif – la bienfaisance publique – a supplanté la charité de l’Église.

Et la morale ? En effet, qui ne s’est jamais senti dans l’obligation de «donner», comme par enchantement, ou par une sorte d’émulation mystique, afin de «rendre un peu de ce qu’on a reçu», perpétuant ainsi la chaîne du don immémoriale qui irrigue nos pulsions d’exemplarité? Entre la question morale et l’affectivité, la couche est fine.

«Donner», c’est avant tout créer de l’intimité ; ce n’est pas obliger l’autre à recevoir.

Pendant ce temps, l’Empire du Bien – que Philippe Muray pointait comme la « dictature du prêt à penser et de la bienveillance » – travaille nos consciences et lustre nos cœurs. La bien-pensance elle aussi continue de torpiller nos passions et notre sens de l’initiative. Même en matière d’empathie, au nom de la transparence, nous perdons chaque jour un peu plus ce qui faisait le sel de notre être intime, cet «homme public», capable de garder entière sa liberté – liberté d’aimer, de penser, liberté de donner – derrière le masque de son rôle social.

La tyrannie du don obligatoire, édictée en mode de vie : «je donne, donc je suis». Bonne conscience oblige. Oui évidemment, le don gratuit n’existe pas. Et puis après? Pourtant le don est bien partout : il faut accepter de ne plus le considérer uniquement comme une série d’actes à sens unique, c’est-à-dire comme une obligation.

Le don est avant tout une relation, qui implique, mieux : qui « exige » des individus libres d’exercer leur empathie, leurs sympathies. Une raison supplémentaire pour démontrer que chercher systématiquement la valeur d’origine d’un don, c’est adopter une vision un peu simpliste, qui sous-entend que chaque don a un but uniquement intéressé. C’est comme ça qu’on casse tout : la chaîne du don se brise à chaque fois que la valeur d’échange se substitue à la valeur de don.

L’esprit du don, c’est de ne jamais avoir d’attente en retour, mais seulement des garanties que le don initial a atteint son but.

Retournons le problème : à la base il n’y a jamais de don, mais plutôt une intention, ou peut-être simplement l’expression d’une bienveillance qui plus tard se transforme en don. Le don a une visée intentionnelle et existentielle qui conserve en elle une trace de la personne qui a institué l’échange. Alors en donnant et en rendant des choses, on se donne et on se rend des égards, des respects et des preuves. «Donner», c’est avant tout créer de l’intimité ; ce n’est pas obliger l’autre à recevoir.

À travers le don, on se donne et on se doit aux autres. Le don, marqueur des relations interpersonnelles, révélateur des affinités élues. Par conséquent, il n’y a pas de contre-don, mais seulement des dons en miroir d’autres dons. Ainsi, on donne pour laisser l’autre donner en retour. Rien à voir avec l’idée de donner simplement pour recevoir.

À travers le don, on se donne et on se doit aux autres, et ainsi on donne pour laisser l’autre donner en retour.

Évidemment, l’imaginaire de Noël représente le symbole parfait du don comme filiation, transmission et héritage, puisque le don est une chaîne temporelle, qui aspire à créer librement du tissu social et à renforcer les liens familiaux.

Alors le sens profond du don véritable, l’esprit du don, c’est de ne jamais avoir d’attente en retour, mais seulement des garanties que le don initial a atteint son but.

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